Comment évolue la précarité énergétique ?
La précarité énergétique concerne environ 11 % des ménages en France. Le taux est plutôt en baisse depuis dix ans, mais pour combien de temps ?
Publié le 28 janvier 2025
https://www.inegalites.fr/precarite-energetique - Reproduction interditeLa précarité énergétique touche un ménage sur dix en France, soit plus de six millions de personnes, selon les données 2022 de l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE). L’organisme considère comme précaires ceux qui figurent parmi les 30 % les plus pauvres et qui consacrent plus de 8 % de leur budget à l’énergie (chauffage et éclairage notamment).
Le taux de précarité énergétique a diminué en dix ans, de 13,7 % en 2010 à 10,8 % en 2022. Si l’on corrige ces données des conditions météorologiques, la baisse est moindre : le taux est passé de 12,5 % à 11,6 %. Pour l’ONPE, cette évolution est liée principalement au renouvellement du parc de logement et à l’effet des rénovations : les logements sont de mieux en mieux isolés, les équipements de chauffage plus efficaces. Entre 2013 et 2022, la consommation globale d’énergie des ménages pour leur logement est ainsi passée de 190 à 161 kilowattheures (kWh) par mètre carré, une diminution de 15 %.
L’ONPE interroge aussi les ménages sur d’autres enjeux liés à l’énergie. Pas moins de 26 % disent avoir souffert du froid durant l’hiver 2022-2023, contre 14 % en 2020. Ces difficultés résultent d’une mauvaise isolation (34 %), d’une installation de chauffage insuffisante (14 %) ou d’une panne de chauffage (14 % également). 42 % des ménages ayant souffert du froid indiquent des raisons financières.
Source : ONPE – © Observatoire des inégalités
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Par ailleurs, 31 % de la population dit avoir rencontré des difficultés dans l’année pour payer certaines factures d’énergie, contre 10 % en 2013. Les jeunes de 18 à 34 ans sont les plus touchés : 55 % indiquent être concernés. En 2023, 79 % des ménages déclarent avoir restreint leur chauffage pour ne pas avoir de factures trop élevées à payer, contre 69 % l’année précédente et moins de 40 % en 2019. Alors que le nombre de ménages qui faisaient l’objet d’une coupure ou d’une limitation de puissance suite à un impayé de facture de gaz ou d’électricité était stable, autour de 600 000 par an à la fin des années 2010, il a fortement augmenté depuis 2019 pour atteindre un million en 2023.
La stabilité du taux de précarité énergétique ne doit pas masquer l’impact de la hausse des prix de l’énergie pour les ménages, et pas seulement pour les plus modestes. En 2022, l’augmentation du prix du gaz et de l’électricité a été en partie reportée dans le temps avec le bouclier tarifaire mis en place par l’État, et amortie grâce à l’octroi de chèques énergie à 5,8 millions de ménages modestes. Mais la fin de ces aides rend la situation très délicate, en particulier pour les ménages qui vivent dans des logements mal isolés et pour ceux qui ont besoin de se chauffer tout au long de la journée, notamment les personnes âgées.
« Pour quelle raison avez-vous souffert du froid ? » Unité : % | |
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Raison financière | 42 |
Mauvaise isolation | 34 |
Hiver rigoureux | 21 |
Installation de chauffage insuffisante | 14 |
Panne de chauffage | 14 |
Coupure suite à un impayé | 7 |
Source : médiateur national de l’énergie – Données 2023 – © Observatoire des inégalités
Cet article est extrait du Centre d’observation de la société.
Photo / © Stéphanie Lacombe. Image tirée de « En résistance contre le froid », série visible sur www.stephanielacombe.com/serie
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