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Le palmarès des villes françaises les plus inégalitaires

Neuilly-sur-Seine est la grande ville la plus inégalitaire de France. À l’autre bout de l’échelle, Beaupréau-en-Mauges, dans le Maine-et-Loire, est la commune où les inégalités de revenu sont les moins élevées.

Publié le 1er février 2025

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Revenus Niveaux de vie

Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) arrive en tête de notre classement des 20 villes de plus de 20 000 habitants les plus inégalitaires en termes de revenus. Les 10 % les plus riches y disposent de revenus huit fois plus élevés (au minimum 10 700 euros par mois) que les 10 % les plus pauvres (au mieux 1 320 euros), selon les données 2021 de l’Insee. La ville de Paris arrive en seconde position  : les 10 % les plus aisés, avec au moins 6 000 euros mensuels, touchent 6,4 fois plus que les 10 % les plus modestes de la capitale (au maximum 940 euros par mois). Pour l’ensemble de la France métropolitaine, ce rapport est de 3,4.

Quinze villes sur les 20 de notre classement des plus inégalitaires sont situées en région parisienne, dont une majorité dans les Hauts-de-Seine : Neuilly-sur-Seine, Boulogne-Billancourt, Saint-Cloud, Levallois-Perret, Asnières-sur-Seine, Sèvres, Suresnes, Meudon, Colombes, Courbevoie et Clichy. Dans ces villes, les écarts de revenus entre les 10 % les plus riches et les 10 % les plus pauvres sont de 3 000 à plus de 9 000 euros par mois. D’autres grandes villes de la région parisienne apparaissent aussi dans ce classement comme Saint-Mandé (Val-de-Marne), Saint-Germain-en-Laye et La Celle-Saint-Cloud dans les Yvelines. Des territoires où les revenus des plus riches sont, au minimum, cinq fois plus élevés que ceux des plus pauvres. Parmi les 20 villes les plus inégalitaires figurent également deux villes de La Réunion (Saint-Denis et Saint-Paul), Annemasse en Haute-Savoie qui se classe tout de suite après Paris, ainsi que Thionville et Nancy en Lorraine.

Ville inégalitaire ou égalitaire : et alors ?
Il faut utiliser les données territoriales sur les revenus avec beaucoup de précaution. On compare des villes d’à peine plus de 20 000 habitants, comme La Celle-Saint-Cloud par exemple, à Paris qui en comprend près de deux millions. Certaines de ces villes sont isolées, d’autres constituent les banlieues riches ou pauvres de grandes agglomérations. Les limites administratives établies jouent sur notre classement. Il faut aussi éviter de tirer des conclusions trop rapides. Certaines villes sont inégalitaires «  par le haut  » car elles comptent peu de ménages pauvres. Au contraire, d’autres sont inégalitaires «  par le bas  » parce qu’elles abritent bien plus de personnes pauvres que la moyenne. Les inégalités de revenus présentées ici traduisent des formes différentes de mixité sociale.
Les 20 villes les plus inégalitaires
Revenu maximum des 10 % les plus pauvres en euros 
Revenu médian en euros 
Revenu minimum des 10 % les plus riches en euros 
Écart entre le revenu minimum des 10 % les plus riches et celui maximum des 10 % les plus pauvres en euros 
Rapport entre le revenu minimum des 10 % les plus aisés et celui maximum des 10 % les plus modestes 
Neuilly-sur-Seine (92) 1 321 4 001 10 734 9 413 8,13 
Paris (75) 937 2 478 5 968 5 031 6,37 
Annemasse (74) 821 1 900 4 562 3 741 5,56 
Boulogne-Billancourt (92) 1 195 2 920 6 365 5 170 5,33 
Thionville (57) 880 2 071 4 637 3 757 5,27 
Saint-Mandé (94) 1 278 3 015 6 682 5 403 5,23 
Saint-Cloud (92) 1 354 3 313 7 019 5 665 5,18 
Levallois-Perret (92) 1 218 2 875 6 183 4 965 5,08 
Saint-Germain-en-Laye (78) 1 218 2 771 6 097 4 878 5,00 
Asnières-sur-Seine (92) 970 2 364 4 833 3 863 4,98 
Sèvres (92) 1 213 2 807 5 961 4 748 4,91 
Suresnes (92) 1 146 2 651 5 585 4 439 4,87 
La Celle-Saint-Cloud (78) 1 161 2 459 5 588 4 428 4,81 
Meudon (92) 1 128 2 557 5 352 4 223 4,74 
Colombes (92) 934 2 092 4 377 3 443 4,69 
Saint-Denis (974) 755 1 523 3 518 2 763 4,66 
Courbevoie (92) 1 102 2 673 5 129 4 028 4,66 
Clichy (92) 831 1 868 3 843 3 012 4,62 
Nancy (54) 829 1 863 3 825 2 996 4,61 
Saint-Paul (974) 771 1 576 3 541 2 770 4,59 
France métropolitaine1 007 1 923 3 436 2 429 3,4
Niveau de vie mensuel pour une personne seule après impôts et prestations sociales. Villes de plus de 20 000 habitants.
*Le revenu médian partage la population en deux : la moitié gagne moins, l’autre moitié plus.
Lecture : Neuilly-sur-Seine est la ville la plus inégalitaire. Ses habitants les plus aisés ont un revenu mensuel au minimum 8,13 fois plus élevé que les plus modestes de cette commune.
Source : Insee – Données 2021 – © Observatoire des inégalités

Des villes inégalitaires riches, mais aussi pauvres

Ces inégalités de revenus s’expliquent d’abord parce que certaines de ces grandes villes abritent les populations les plus riches. Neuilly-sur-Seine, la ville française la plus inégalitaire, est aussi la plus riche de France. Le revenu annuel médian de ses habitants est de 4 000 euros par mois, soit deux fois plus élevé que la moyenne nationale (1 920 euros). Les plus riches y sont extrêmement riches. La situation est similaire à Saint-Cloud, toujours dans les Hauts-de-Seine, la septième ville la plus inégalitaire de notre classement : le revenu médian y est de 3 300 euros par mois et les plus riches disposent au minimum de 7 000 euros par mois.

À Paris, en deuxième position, le niveau de vie médian mensuel s’élève à 2 500 euros, soit 1,6 fois moins qu’à Neuilly-sur-Seine. Les Parisiens les plus aisés ont tout de même un revenu mensuel minimum élevé  : 6 000 euros. Paris est une ville inégalitaire parce qu’elle abrite aussi des personnes pauvres (16 % de la population vit sous le seuil de pauvreté fixé à 60 % du revenu médian selon l’Insee), deux fois plus qu’à Neuilly-sur-Seine (8 %). La capitale est une ville hétérogène en matière de revenus.

Une ville inégalitaire peut aussi l’être parce qu’une partie de sa population est très pauvre, c’est-à-dire que les inégalités se creusent par le bas. Saint-Denis et Saint-Paul à La Réunion l’illustrent bien. Les plus pauvres de leurs habitants ont des revenus très bas (aux alentours de 760 euros par mois maximum, en dessous du seuil des 10 % les plus pauvres pour la France métropolitaine qui est de 1 000 euros). Si les plus riches habitants de ces villes d’outre-mer gagnent près de cinq fois plus que ceux les plus modestes, leurs revenus mensuels minimums (3 500 euros) n’atteignent pas des sommets comme à Neuilly-sur-Seine ou à Saint-Cloud, par exemple. Annemasse ou Nancy sont aussi dans ce cas, mais dans une moindre mesure.

Les villes les plus égalitaires

Trois communes du Maine-et-Loire (Beaupréau-en-Mauges, Sèvremoine et Chemillé-en-Anjou) occupent le haut du classement des villes de plus de 20 000 habitants les plus égalitaires. Leurs habitants disposent de revenus assez homogènes. Les 10 % les plus riches bénéficient aux alentours de 3 000 euros minimum par mois, quand les 10 % les plus pauvres gagnent au maximum 1 200 euros. Les plus aisés de ces villes égalitaires touchent «  seulement  » de 1 500 euros à 1 600 euros de plus par mois, alors que cet écart est de 5 000 euros à Paris et même de 9 400 euros à Neuilly-sur-Seine.

Les 20 villes les moins inégalitaires sont toutes des villes moyennes de province, majoritairement situées dans l’ouest ou le nord de la France, et au niveau de vie médian souvent proche de la moyenne française (1 920 euros par mois). Malgré tout, parmi ces communes, Wattrelos, dans le département du Nord, Bruay-la-Buissière et Liévin, dans le Pas-de-Calais, se distinguent. Les écarts de revenus y sont tirés par le bas parce que les 10 % les plus pauvres de leurs habitants disposent de ressources faibles (au maximum 900 euros par mois) et les riches n’ont pas des revenus élevés (environ 2 500 euros au minimum).

Les 20 villes les plus égalitaires
Revenu maximum des 10 % les plus pauvres
en euros
Revenu médian
en euros
Revenu minimum des 10 % les plus riches
en euros
Écart entre le revenu minimum des 10 % les plus riches et celui maximum des 10 % les plus pauvres  
en euros
Rapport entre le revenu minimum des 10 % les plus aisés et celui maximum des 10 % les plus modestes  
Beaupréau-en-Mauges (49) 1 224 1 833 2 748 1 523 2,24 
Sèvremoine (49) 1 256 1 903 2 832 1 576 2,25 
Montaigu-Vendée (85) 1 311 2 004 3 058 1 748 2,33 
Chemillé-en-Anjou (49) 1 176 1 838 2 773 1 598 2,36 
Le Grand-Quevilly (76) 1 018 1 709 2 581 1 563 2,54 
Challans (85) 1 159 1 883 3 034 1 875 2,62 
Couëron (44) 1 191 2 024 3 122 1 931 2,62 
Coudekerque-Branche (59) 996 1 723 2 673 1 678 2,68 
Lanester (56) 1 015 1 778 2 755 1 740 2,71 
Saint-Médard-en-Jalles (33) 1 281 2 228 3 540 2 259 2,76 
Wattrelos (59) 907 1 621 2 538 1 632 2,80 
Hazebrouck (59) 1 024 1 763 2 895 1 871 2,83 
Les Pennes-Mirabeau (13) 1 246 2 193 3 552 2 306 2,85 
Bruay-la-Buissière (62) 847 1 446 2 418 1 572 2,86 
Liévin (62) 848 1 487 2 436 1 588 2,87 
Savigny-le-Temple (77) 1 013 1 853 2 915 1 902 2,88 
Frontignan (34) 1 016 1 819 2 928 1 912 2,88 
La Chapelle-sur-Erdre (44) 1 314 2 351 3 819 2 505 2,91 
Gardanne (13) 1 057 1 898 3 077 2 020 2,91 
Saint-Sébastien-sur-Loire (44) 1 188 2 125 3 486 2 298 2,94 
France métropolitaine1 007 1 923 3 436 2 429 3,4
Niveau de vie mensuel pour une personne seule après impôts et prestations sociales. Villes de plus de 20 000 habitants.
*Le revenu médian partage la population en deux : la moitié gagne moins, l’autre moitié plus.
Lecture : Beaupréau-en-Mauges est la ville la plus égalitaire. Ses habitants les plus aisés ont au minimum un revenu mensuel 2,24 fois plus élevé que les plus modestes de cette commune.
Source : Insee – Données 2021 – © Observatoire des inégalités

Photo / CC BY Anthony Delanoix

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Date de première rédaction le 2 novembre 2011.
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